Jardin communautaire
L’aventure a commencé en 2016, quand Camborea se voit offrir, par de généreux donateurs et amis, un joli bout de terrain au cœur du village pour démarrer ce projet un peu fou de potager.
En effet, comme vous l’avez déjà lu sur ce site, nos villages souffrent du manque d’eau, et les cultures s’en font évidemment ressentir. Le Cambodge est un gros producteur de riz, et les agriculteurs d’Angkor Thom ne manquent pas à la règle avec une production naturelle et sans produits chimiques pour – le plus souvent – leur propre consommation. Et à part le riz, les autres cultures sont rares, même si chacun essaie de faire pousser quelques légumes résistant au climat et à la sécheresse autour de sa maison, sans grand succès.
Avec ce jardin, nous comptons former les familles les plus sensibles à une agriculture raisonnée et naturelle, avec des notions de permaculture et d’agro-écologie, et surtout à une production de légumes variés et nutritifs. Le respect de l’environnement et le retour de la biodiversité feront partie intégrante du projet, avec une sensibilisation des enfants via des ateliers découvertes. Une fois les familles formées, nous les aiderons à mettre en place leur propre potager chez elles, un potager type permacole de notre création, en leur fournissant tout le matériel dont ils ont besoin, des semences saines et reproductibles, et bien sûr notre soutien pour que tout cela soit pérenne.
Par ce programme, nous comptons aussi lutter contre la malnutrition qui touche le pays dans sa ruralité, bien sûr nourrir les gens, et conserver le côté naturel des récoltes dans un Cambodge où arrivent à grand pas les pesticides et autres produits chimiques.
Des débuts difficiles !
En effet, la première année et demie fut assez catastrophique à cause de tous les problèmes rencontrés. Le terrain est une ancienne rizière usée par la monoculture, très sablonneuse et sans ombre, ce qui a pour effet de brûler les plants sous le soleil de plomb. Les animaux du voisinage sont aussi venus se régaler, nos petites barrières ne les arrêtant pas vraiment. Les insectes se sont aussi évidemment invités à la fête, et nous n’avons pas bien su les repousser. Et enfin et non des moindres, l’eau et les inondations des rizières autour par les villageois, ont recouvert notre terrain de 20 centimètres d’eau une bonne partie de l’année.
Le terrain au début…
Mais nous avons quand-même réussi à produire quelques légumes, que nous avons pu offrir en grande partie aux familles les plus nécessiteuses du village et faire nos premières graines avec le reste.
Une belle rencontre qui va changer la donne…
Nous avons eu la chance en aout 2017, de recevoir l’aide d’un volontaire franco/canadien, Elie, qui partageait notre vision de ce beau projet et qui est donc venu nous prêter main forte. Grâce à son énorme travail et son investissement, le projet a enfin été mis sur les rails : installation d’un système d’arrosage et d’un château d’eau, d’une vraie clôture pour protéger les récoltes, et surtout le début de vraies plantations avec des arbres de toutes sortes, des fleurs pour attirer les bons et repousser les « mauvais » insectes, et nos premiers vrais légumes qui sont sortis de terre. Pas mal de fertilisants naturels ont aussi été démarrés, des actions mises en œuvre pour recréer une vie dans le sol, et des solutions respectueuses de l’environnement pour protéger les plantes des différentes attaques.
Voilà le résultat aujourd’hui… et cela évolue très vite !
Et, chose très importante, la formation a commencé avec Peah (en photo avec Elie) qui est devenu membre de Camborea et responsable de ce qui va être baptisé le « joyeux jardin », ou « suonchbar sabbayrikreay » en khmer…
Une mare est aussi en cours de creusage, pour apporter encore plus de biodiversité, mais surtout pour surélever plusieurs parties du terrain avec la terre récupérée, afin de les mettre à l’abri des inondations de la saison des pluies (provoquées par les rizières voisines) et ainsi avoir plus de surface cultivable a l’année. Cette mare est creusée à la main, car les engins et autres apports de terre sont interdits dans la zone d’Angkor où nous nous trouvons !
Et dernièrement, le premier essai de « jardin type » a été mis en place sur trois mètres carrés seulement, ce qui est la première vraie étape de notre beau projet avant le design d’un potager un peu plus grand que nous implanterons chez les familles…
… malheureusement, ce premier essai pour lutter contre la malnutrition grâce à l’autosuffisance alimentaire n’aura pas donné le résultat escompté, malgré le grand soin que nous y avons apporté.
Il nous aura en revanche permis d’apprendre énormément de nos erreurs, de nous remettre en question, et de réorienter un peu le projet vers une production de semences libres dans un premiers temps, semences que nous proposerons aux familles, accompagnées bien sûr de conseils et d’un suivi des cultures.
Le « jardin type » ou « jardin idéal » reste bien évidemment dans nos cartons, mais ce projet ambitieux aura besoin d’une longue période d’essais, alors que des semences de légumes bien sélectionnés pourront aider rapidement les familles à mieux manger…
Nous voici donc repartis de plus belle à planter tous azimuts, plus motivés que jamais. Toujours à la recherche de légumes locaux, nous avons pu en sélectionner quelques-uns de robustes, productifs, nutritifs, et surtout aimés des Cambodgiens qui prendront plaisir à les faire pousser et nous l’espérons donc seront un maximum demandeurs.
Aujourd’hui, nous sommes dans une phase de reproduction intensive de ces graines ainsi sélectionnées, mais nous n’abandonnons pas pour autant notre travail sur la permaculture et la biodiversité comme vous pouvez le voir sur ces photos.
Avec ici, grimpants, des haricots ailés, courge calebasse, et en dessous des aubergines rondes, cacahuètes, œillets d’Inde et un futur arbre du jacquier en plein milieu qui nous fournira de l’ombre dans quelques années.
Et ici une culture hors sol de tomates, associées à de la tagete nématocide et du basilic thaï, plus évidemment quelques grimpants qui feront bientôt encore plus d’ombre à tout cela.
Un nouveau virage à ce beau projet…
L’ouverture de notre école en novembre 2019, juste à côté du jardin, a complètement bouleversé le projet. La construction de celle-ci nous a beaucoup perturbé en termes de gestion du travail bien sûr, mais aussi en terme d’agencement du jardin. En effet, nous avons profité des travaux pour faire venir des camions de terres pour rehausser le potager pour de bon, et ainsi le mettre hors d’eau une fois pour toutes.
Plus de 60 camions de terre auront été nécessaires, soit dans les 480 m3 au total…
La finition du damage fut réalisée par des animaux de trait, pour rester dans notre ligne de conduite.
Nous sommes donc repartis de zéro sur cette nouvelle surface cultivable, et en avons profité pour nous poser les bonnes questions sur l’aménagement de celle-ci, ainsi que pour prendre du recul sur la vision globale du projet. En effet, la production de semences libres et l’installation de jardin type chez les villageois reste une partie primordiale de notre engagement, mais la venue de cette école et des enfants est une aubaine pour faire passer d’autres messages autour de l’agroécologie, de l’importance de la biodiversité, et du respect de la nature en général.
L’ancienne zone cultivable restera donc une zone expérimentale, en fouillis, très diversifiée et donc très riche, alors que la nouvelle partie fraichement rehaussée sera plus structurée, comme une vitrine de cette agriculture respectueuse. Cette nouvelle partie sera l’endroit propice à la formation, la discussion et l’émerveillement autour de la richesse de notre jardin. Pour cela, nous sommes en train d’aménager des zones d’accueil, ombragées où nous pourrons nous asseoir avec les visiteurs et partager notre vision.
De nombreux lits de culture ont alors été installés, pour mieux gérer les différentes productions et rendre la zone plus esthétique. Ces lits permettent aussi de se concentrer à créer un sol vivant sur certains espaces, le sol étant la base de toute agriculture naturelle, chose qui n’était pas possible sur la totalité du terrain, jusqu’à présent…
Quel changement en si peu de temps vous ne trouvez pas ?!?! Et ce n’est que le début…
Cela grimpe…
C’est beau…
C’est bon…
Et cela vit…
Enfin, une dernière zone sera – quant à elle – laissée en friche, pour favoriser la biodiversité et apporter encore plus de vie à l’ensemble. Elle pourra peut-être aussi accueillir un jour quelques animaux de ferme, mais là nous parlons encore d’un nouveau challenge…
Nous essayons de tenir à jour le site, mais les choses avancent vite, très vite ici. Alors si vous voulez suivre l’évolution de ce superbe projet pas à pas, rejoignez-nous sur Facebook en likant notre page: Camborea sur FB
Ce vaste projet – même s’il est en très bonne voie – est encore malheureusement loin d’obtenir les résultats escomptés par manque de moyens notamment pour exploiter tous les terrains que nous possédons. Mais cette cause est fondamentale à nos yeux et, nous l’espérons, aux vôtres, alors suivez ce lien et aidez nous à le mener à bien, ensemble…